[FANFICTION] GHOST TRAIN

Si cela avait été un rêve, je l'aurais trouvé grossier. Le cauchemar était intense que j'en gardais des frissons. La femme était devant moi, la tête baissée. Elle ne me regardait pas, pas tout de suite en tout cas. Ses bras le long du corps, ils semblaient ternes, presque sans vie. Ses longs cheveux noirs recouvraient toute sa poitrine et une bonne partie de son tronc. Je ne pouvais pas voir ses yeux, ni son visage, ni ses joues. Rien en elle ne me disait de prendre mes jambes et de partir au loin. Je rêvais. Mes membres ne répondraient peut-être même pas si je devais prendre une décision. Et m'enfuir ne répondait pas à mon besoin de savoir qui était cette femme. Elle portait une robe blanche, déchirée et noircie. Elle était pieds nus et ses jambes et ses pieds, cette peau presque grise, étaient aussi ternes que ses bras.
Puis, elle commença à se redresser. Je ne pouvais pas m'échapper. Quelque chose semblait me pousser vers cette femme étrange et mystérieuse. Alors que sa tête bougeait et se redressait, une voix rauque retentit.
-Rends-moi mon enfant... rends-moi ma vie... rends-moi mon amant...
Un hurlement retentit, telle une sirène de pompier. Je sursautai, m'agenouillai et bouchai mes oreilles. Ce cri faisait des effets sur moi qui me firent presque vomir. La sirène continua de hurler et la voix de cette femme, car j'étais sûre et certaine que c'était la sienne, emprisonnait mon esprit dans une ritournelle de mots.
-Rends-moi mon enfant... ma vie... rends-moi mon amant...
Je gémis, incapable de faire taire cette voix affreuse. Et quand je redressai la tête pour contempler une dernière fois cette femme avant de m'évanouir, elle se dressait devant moi, sa tête complètement découverte, ses yeux me scrutant au moindre détails. J'arrêtai presque de respirer. Elle pencha sa tête sur le côté. Ses lèvres étaient cousues. Sa main vint alors caresser mes cheveux.
Je hurlai.

Je me redressai dans mon lit, en sueur. Le soleil pénétra à peine ma fenêtre. J'étais encore habillée avec les vêtements d'hier. Mon ordinateur était sur un côté du lit, un nouveau message clignotait dans une des fenêtres de l'écran. Je respirai calmement, essayant de me concentrer sur ma respiration. Mais à peine fus-je tournée pour contempler le soleil qui traversait ma fenêtre, je vis la femme dans le miroir, me regardant avec les même yeux. Je hurlai pour la deuxième fois.

-Kara? Tu m'entends?
Je redressai la tête et croisai le regard énervé de mon éditrice. Ses grands yeux noirs étaient de nouveaux sur moi, me toisant intensément comme elle sait si bien le faire. Je me redressai, me mit droite et hochai la tête et sourit faiblement.
-Tu as encore veillé? Combien de fois vais-je devoir te le rappeler? Les conférence de presse sont nombreuse en cette saison, ce n'est pas le moment pour faire la fête!
Des fans passèrent devant la table de dédicaces. Je leur souris, pris des photos avec elles, leur signai les livres.
-Je ne suis pas du genre à faire la fête. Je dors mal, c'est tout.
-Ton manuscrit te donne du fil à retordre, n'est-ce pas?
Une nouvelle masse arriva, et je fus surprise de voir de jeunes enfants me faire des signes, les garçons m'appelant Noona, et les jeunes filles Unnie. Je leur dis bonjour, les embrassai sur la joue, photo et dédicace. Je parlai quelques secondes avec les mamans. À mes côtés, mon éditrice semblait encore plus nerveuse lorsqu'elle vit passer devant la librairie des fans d'idoles. Elle soupira longuement avant de revenir à la conversation.
-Tu n'es pas obligée d'aller voir tes amis ce soir, ton manuscrit n'attend pas, et moi non plus.
-Si tu le veux, tu devras attendre. J'ai encore des modifications et des passages à réécrire. Et j'ai besoin de voir mes amis.
-Comme tu veux. Je te rappelle aussi que ton après-midi est prit!
-Pardon?!
Je donnai le livre que je venais de signer à la dernière jeune fille. À midi pile, les dédicaces se terminèrent et elle m'attrapa par le bras, un sourire immense barrant son visage. Je commençai à rassembler mes affaires sur la table, tout en la scrutant du regard.
-Quoi?
-Tu es invitée à une émission de télé.
-C'est vrai?
Elle hocha vigoureusement la tête.
-Ton heure de gloire ma Perle.
-Perle, ta mère au téléphone!
Une jeune femme en noir que je connaissais bien me tendit mon portable. Les babioles que j'adorais accrochées n'y étaient plus. J'avais décidé de ne mettre qu'un petit pendant, une étoile bleue claire qui scintillait à chaque fois qu'elle tournait sur elle-même. Je me levai de ma place, sourit aux deux femmes et m'éloignai en collant mon oreilles à l'appareil.
-Perle, comment ça se passe? Me fit Maman.
-Très bien. Je viens de finir ma séance de dédicace et cette après-midi, je passe à la télé!
Il y eu un silence. Puis, j'entendis trois voix hurler dans le téléphone. J'avais soigneusement retiré le téléphone de mon oreille et toutes les personnes présentes dans la librairie entendirent les cris déchaînés de la famille Dragon. Tous sourirent alors que je repris le téléphone.
-Maman, doucement.
-Désolée, mais je suis tellement fière de toi.
-Merci Maman. On se voit dans deux semaines. Je vais aller me reposer.
-Qu'est-ce qui ne va pas? Encore ton éditrice?
-Elle est stricte mais gentille. Non, ce n'est pas elle. Je dors mal en ce moment. Je ne trouve le sommeil qu'en m'épuisant et je fais d'horribles cauchemars.
-Ah! Tu prends des médicaments?
-Ne t'inquiète pas, je vais bien. C'est juste une mauvaise passe. Je te rappelle d'accord.
-Oui, je suis toujours là! Il faut que j'y aille. On ouvre aujourd'hui!
-Courage Maman!
Je raccrochai.

On m'emmena dans une loge. L'émission ne commençait que dans trois heures. Je n'avais pas faim, je préférai m'allonger sur le canapé de ma loge et récupérer mes heures de sommeil manquant. À peine fus-je endormie, que le cauchemar débuta de nouveau. Cette même femme, au loin, les bras le long du corps. Elle se rapprochait, je frissonnais. Peur? Angoisse? Cette atmosphère était tellement angoissante. Je me raidis et attendis, incapable de bouger le moindre muscle. J'avais tellement peur. Ce n'était qu'un rêve, mais une peur incroyable me submergeait. Lorsqu'elle fut devant moi, elle répéta les mêmes phrases. Mais, sans que je m'y attende, elles changèrent.
-Toi aussi tu perdras tout! La malédiction t'a atteinte!Ton enfant te sera enlevé!

Je me redressai en hurlant. Et me cognai contre quelque chose. Violemment. La salle devint soudainement bruyante. Je me calmai et tombai du canapé en jurant.
-Nom de … et merde!
-Et ben, on peut dire que tu te réveilles en douceur toi!
Je reconnus la voix de Shindong, assis par terre, à côté de moi, se massant le front. Il était tout rouge. J'avais du cogner très fort pour lui faire autant mal. Le touchai le mien. Je n'étais pas mieux. J'avais l'impression d'avoir une bosse énorme.
-Mais... qu'est-ce que tu fais là? Fis-je en le relevant.
-Invité!
-Toi aussi?
-On est toujours en promo ma belle!
-J'avais complètement oublié. Mais tu sais que tu n'as pas le droit de venir ici. Si mon éditrice te vois, elle va te tuer!
-J'ai prit mes précautions, pas de soucis.
-Tu es tout seul?
Il secoua la tête, l'air de rien et me fit asseoir devant la coiffeuse.
-Ça fait plus d'un an que tu nous connais.
-En même temps, on est resté plus de six mois sans contact!
-Ta mémoire est revenue …
-Et quel effort!
-Mais malheureusement, nous ne pouvons pas nous voir comme nous le souhaitons!
Je posai la brosse à cheveux, quelque chose me trottinait dans la tête. Je me tournai lentement vers Shindong.
-Vous n'avez quand même pas osé...?
-Non, juste moi! Les autres n'osaient pas, et il manquait une invitée. Au lieu d'idole, j'ai proposé un écrivain qui faisait fureur en Corée.
Je me mis à bouder.
-Tout de même, ce n'est pas très intelligent!
-Les autres ne sont pas au courant, alors fais-toi belle, petite perle!
Il s'avança vers moi et m'embrassa sur la joue. Son portable vibra. Il me sourit.
-À tout à l'heure!
Il sortit de ma loge, alors que mon éditrice entrait. Ils se regardèrent un court un instant. Shindong la salua et s'en alla. Elle semblait aux anges, un grand sourire aux lèvres.
-Quel merveilleux garçon! Qui était-ce?
-Un de mes amis!
-Vraiment? Oh! Il me dit quelque chose?
-C'est mon secret
Elle s'approcha rapidement de moi, me prit la brosse et commença à me coiffer. Puis, deux autres femmes vinrent dans la loge pour m'habiller et finir de me préparer. Une fois prête, je m'observai dans la glace. Je portai un corsage blanc, deux ailes rouges brodées derrière. Un simple jean et des converses rouges. Je n'avais pas besoin d'être habillée richement et maquillée trop. Mon éditrice le savait: il fallait me donner l'air d'une jeune, pas d'une vieille. On vint me chercher à deux minutes du début de l'émission. Je ne savais toujours pas qu'elle était l'émission. Le monde dans les couloirs me fit un peu peur, et mon visage ne passa pas inaperçue. On me lançait des regards étranges, plein d'admiration, et des messes basses me parvinrent de temps à autre. Et plus j'avançais dans le couloir, plus j'angoissais! D'habitude, je ressentais une légère adrénaline, de quoi me stimuler. Là, c'était horrible. Ça me prenait tout le ventre, remontait le long de ma poitrine, m'obligeait à accélérer ma respiration. Je suffoquais presque, c'était ignoble. J'avais l'impression de revenir en arrière. Et de ce fait, je pensai à Donghae...
Une grande femme me bouscula. Mon éditrice me jeta un regard noir. Je m'excusai, cachant un peu mon visage avec mes cheveux qui me tombaient dessus, et j'avançais plus rapidement. Je levai les yeux et regardai autour de moi. Je n'avais jamais vu les coulisses d'un plateau de télé. Les gens se bousculaient, mon éditrice me tirait par le bras. Pas de talon, je me serais déjà foulée la cheville. À peine fus-je arrivée, elle se glissa jusqu'à moi, un homme derrière elle, le directeur. Il me tendit une main, je la serai vigoureusement.
-Lee Seung-Hi, heureux de vous rencontrer enfin.
-Moi de même Monsieur.
-Je vais vous expliquer le principe de l'émission. Il réunit les célébrités du moment....
-Parce que je suis une célébrité?
J'attrapai le bras de mon éditrice. Cette dernière me lança un regard noir.
-Pardon...!
-Bien. L'émission s'appelle Star secret, on vous pose des questions sur votre enfance, sur votre passion, sur votre travail, pour découvrir à la fin l'ultime secret.
-L'ultime secret? Sur qui?
-Et bien sur vous, mademoiselle Dragon!
J'avalai difficilement ma salive. Mon éditrice parut satisfaite.
-Des questions viendront du public, des MC et des invités. Voici les vôtres. Ne les regardez pas tout de suite.
Il me sourit, nous salua et s'en alla. J'attrapai mon éditrice une nouvelle fois. Elle semblait aux anges, à première vue.
-Toi! Qu'est-ce c'est encore cette histoire? Il est hors de question que je participe à ce genre d'émission. Qui a demandé à ce que je sois là-dedans?
-Ah! Ça, c'est un secret!
Elle s'en alla. Je devais la suivre mais je fus attirée par quelque chose. Je les vis, douze coréens qui discutaient entre eux, qui riaient. Et ce que je vis me foudroya sur place. Je les scrutai du regard, fronçai les sourcils. Donghae... cela faisait deux mois que je ne l'avais pas vu et je le voyais rire avec une autre fille, peut-être plus âgée qu'eux. Elle tenait Donghae par le bras, lui frôla la joue. Lui, souriait, lui chuchotait des choses. Ils semblaient... heureux? Je frissonnai sur place. Mon éditrice revint vers moi, m'empoigna.
-Ne reste pas plantée, tu vas fleurir! Allez, c'est à toi!
Elle me poussa, me tapa les fesses. Une femme vint ensuite me chercher pour m'amener au plateau de télé. J'entendais déjà les rires du public, les voix des MC résonnaient également. Je ne voyais plus le groupe des Super Junior. Une surprise? C'est plutôt moi qui fut étonnée. Qui pouvait être cette fille? Et Donghae, il avait tellement changé, paraissait plus mature. Est-ce que j'avais au moins ma place dans ce monde? Je ne sais pas trop.

-Bien. Je remercie les acteurs du nouveau drama Boys Before Flowers, fit le MC Yoo Jae Suk.
Applaudissements.
-Et nous allons accueillir en présence du groupe d'idole qui fait son come back...
A peine eut-il finit la moitié de sa phrase que des cris d'hystéries s'élevèrent.
-Je vous demande de faire un triomphe pour celle qui a fait battre tous les cœurs des jeunes filles avec son troisième opus le vent du sud, Mademoiselle Perle Dragon! Fit Kang Hodong.
Ce fut l'une des maquilleuses qui me poussa sur le plateau. Je crus au début que je me prenais les pieds dans les câbles. Les caméras se braquèrent sur moi, alors que le public applaudissaient à s'en rompre les doigts. Je rougissais presque. Les deux MC que j'avais déjà vu dans d'autres émissions me saluèrent chaleureusement, me tendant les mains.
-Nous sommes très heureux de vous recevoir ici, à Star Secret, fit Yoo.
-Moi de même!
-Vous parlez tellement bien coréen, c'est rare, fit Kang.
Je hochai de la tête avec un sourire.
-Et de plus, vous êtes très jolie. De quel pays venez vous?
Je crus rire. Je me retins.
-Je suis française.
-Excusez-moi de vous interrompre, mais j'ai lu tous vos livres. Et je dois dire que j'ai pleuré comme une fillette de 16 ans.
-Si seulement, fis-je en chuchotant.
Mais apparemment, ma blague de mauvais goût se fit entendre et le public en rit, ainsi que les invités. Je me raidis.
-Bien, donc vous vous appelez Perle Dragon...
-Oui, c'est ce qui est écrit sur ma carte d'identité. ( abruti!)!
De nouveau des rires.
-Vous vivez avec votre mère et votre tante qui tiennent un restaurant italien, et votre Grand-Mère.
-Oui.
-Et depuis combien de temps savez-vous écrire?
Quelle question!
-Depuis que j'ai deux ans! Fis-je avec un grand sourire.
De nouveaux fous rires. Et bien, j'ai mangé un clown moi!
-Leeteuk, avez-vous déjà lu ses livres?
Je me tournai lentement vers le banc des invités. Un frisson me parcourra. Et je plongeai mon regard dans celui de Leeteuk. Ce dernier me sourit avant de répondre, avec beaucoup de aisance.
-Oui, naturellement. Et j'ai lu les trois. Je dois dire que Mademoiselle Perle a beaucoup de talent. C'est une surprise de la voir dans cette émission.
-Moi la première!
De nouveaux des rires. Je remerciai Leeteuk du regard. Ce dernier inclina la tête, légèrement. L'un des présentateur, qui semblait beaucoup parlé, posa sa main sur mon épaule et me montra la place libre entre l'un des acteurs, Kim Beom, et l'un des Super Junior, Hangen. J'inclinai légèrement la tête et vint à ma place, les douze regards sur moi. Lorsque je fus assise et que les présentateurs avaient de nouveaux monopolisés la parole pour demander aux acteurs s'ils leur arrivaient de lire pendant deux prises, Hangen se pencha sur moi.
-Je suis content de te voir. Tu m'as manqué.
Je souris.
-Vous aussi, toi aussi!

Je ris! Une fois dans ma loge, je me mis à rire. Je n'avais jamais jamais autant rit de toute ma vie. J'en avais mal aux côtes, je sentais mon sang battre contre mes tempes, j'en avais des nausées. Mon ventre me brûlait, j'avais l'impression d'exploser. Mon rire résonna dans toutes les coulisses et sur le plateau, alors que le public était déjà sortit. Un rire à n'en plus finir. Mon éditrice ne me regardait pas sévère, elle finit par exploser de rire aussi. J'en pleurai même.
-C'est bon, c'est finit! Vous êtes morte Lee!
-Quoi? Pourquoi?
-Vous êtes folle? J'aurais pu avoir de gros problèmes! Je ne suis pas faite pour la télé et ce n'était pas dans le contrat de raconter mes problèmes de santé.
-Cela attire la sympathie sur vous, c'est une bonne pub pour votre prochain livre!
-Faites gaffe! Si vous continuez, je ne vous le donne pas!
Elle me regarda, les yeux d'un chat me fusillèrent.
-Essayez pour voir!
-Me tente pas!
-Mademoiselle Dragon, votre voiture est prête!

Je lui tournai le dos, respirant à fond, attrapa mes affaires et sortis de la loge d'un pas décidé. J'ai failli être grillée par cette fichue émission. En somme, ma carrière n'avait rien à voir, je ne la mettais pas en jeu, je m'en fichais même. Ce qui importait c'était eux. Je les avais sentit se tendre lorsque on annonçait le secret ultime de Perle Dragon. Non mais franchement! Je mettais aussi en péril mes amies, je pense que ça ne les dérangeraient pas . Mais même. Je passai devant la loge des Super Junior. Elle était vide. Déjà?! Et cette fille qui était-ce? J'allais vraiment en mourir si ça continuait. Et le pire dans tout ça, c'est que j'avais avouer mes sentiments en direct à Donghae. Sauf que les gens ne sont pas supposés savoir.
Une fois dans le parking souterrain, j'entrai dans une voiture aux vitres teintées. Le chauffeur, un homme d'un quarantaine d'année que je connaissais bien, me salua chaleureusement.
-J'ai regardé l'émission, mademoiselle. J'ai bien rit!
-Merci, mais le ridicule ne tue pas, n'est-ce pas?
-Non mademoiselle, il ne tue pas. Il rend un peu bête.
-Oui, fis-je en soupirant. Un peu bête. Excusez-moi, je vais un peu dormir. C'est un peu dur en ce moment.
-Oui, ne vous gênez pas. On voit déjà vos cernes sous vos yeux, fit-il en riant.
-Ne vous moquez pas!
-Attention, la lumière!

La voiture sortit du parking. Une foule de jeunes filles et de jeunes garçons s'amassèrent autour de la voiture. Il nous fallut plus d'une demi-heure pour sortir de ce guêpier. Je m'endormis une fois sur l'autoroute. Et mes songes, comme je le pensais, ne furent pas du tout calme. Ils furent de nouveau agité. Mais cette fois, une scène d'une violence inouïe se présenta à moi. Je me retrouvais dans un endroit funeste, un cimetière. Les tombes aux nombres de treize portaient des inscriptions gothiques. Je ne reconnus pas tout de suite les noms, je me concentrai sur la femme aux cheveux noirs derrière. Ses vêtements avaient changé: elle m'apparaissait dans une robe violette aux fleurs blanches. Dans sa main, un jouet en bois, une locomotive?! Je ne pourrais le dire. De l'autre, un ourson en peluche. À sa main gauche brillait une bague de fiançailles. Son ventre arrondit laissait prévoir qu'elle est enceinte. Mais son visage, lorsqu'elle releva la tête, était terne, couvert de suit. Ses yeux ne brillait plus de l'éclat de la vie, elle semblait morte. Et un faux sourire se traça sur ses lèvres gercées. Je frissonnai. Elle leva le bras dont sa main tenait le jouet en bois, et me pointa. C'est alors que je reconnus les inscriptions sur les pierres tombales: celles des Super Junior. Puis, elle ouvrit la bouche dans un grand hurlement. Je me réveillai en sursaut.
J'étais dans la voiture, elle était arrêtée devant chez moi et le chauffeur me regardait, inquiet. Je me redressai tant que je pouvais. L'air frais entra alors dans la voiture, je sentis alors que je transpirai.
-Mais...
-J'étais inquiet. Je me demandais ce qu'il vous était arrivé.
-Rien, un mauvais rêve...
-Intense, j'imagine, pour vous mettre dans un état pareil.
-Depuis combien de temps...?
-Oh! Nous venons d'arriver! Vous avez dormit tout le long du voyage.
-J'ai dormi quatre heures?!
-Vous devriez rentrer vous mettre au frais dans votre appartement.
-Oui, ce n'est pas une mauvaise idée.
Je commençai à sortir.
-Attendez, je vais vous aider.

Il sortit avant moi, me tint la portière et m'aida à prendre mes affaires: un sac de voyage avec mes vêtements et autres dedans, des sacs. Je le remerciai, il me salua et me dit à demain. Je traversai rapidement le parking souterrain, au frais, avant de prendre l'ascenseur . Une fois à l'intérieur, je posai les sacs, appuya sur le bouton cinq. Mes pensées vagabondèrent. La phrase de la femme me revint soudainement en mémoire lorsque la porte s'ouvrit au cinquième étage.
-Tu les perdras tous, toi aussi, si...
Je commençais déjà à divaguer et avoir la chair de poule. J'introduisis ma clef dans la serrure. Un frisson me chatouilla. Un mauvais pressentiment?! Je ne pourrais le dire. J'ouvris la porte, balança mes sacs à l'autre bout de la pièce. Je connaissais mon appartement par cœur, si bien que je reconnaissais les moindres bruits. En les jetant, je pensais atteindre le canapé. Mais les sacs retombèrent lourdement sur le sol, avec un bruit de verre brisé. Je ne pris pas le temps de me déchausser. Je jetai mes affaires sur le côté. Ils ne retombèrent pas par terre. Une fois dans le salon, le cœur battant, les lumières s'illuminèrent, et je trouvais que mon salon était bien trop petit pour eux tous.

Ce petit monde qui m'avait tant manquer pendant ces deux mois, atroces en péripéties et aventure. Je ne pouvais me résoudre à perdre ceux-là, il n'en était pas question. Tous avec leur sourire lumineux. Park et Usagi s'avancèrent et me prirent chacune dans leur bras. La grande aux cheveux noirs corbeaux, un sourire malin aux lèvres et des yeux amandes presque mauves, me toisait d'un sympathique regard amusé. Je voyais dans ses yeux qu'elle avait regarder l'émission et qu'elle s'était amusée. La petite à la coupe au carré, sa robe lolita-gothique d'un violet presque flashant et noire, des yeux noirs, avait le dos tourné à treize garçons qui affichaient tous un sourire ravageur. Je crus fondre sur place.
-Qu'est-ce que vous foutez là? Et comment?
Je regardai Shiwon dans un coin, avec mes sacs de vêtements. Dans l'autre main pendait des clefs, mes clefs.
-Hein?
-J'ai soudoyé ton concierge , fit fièrement Heechul en passant un bras derrière les épaules de Shiwon. Qui aurait cru que sa fille était fan des Super Junior?!
-Oui, qui l'aurait cru! Renchérit Leeteuk en souriant, ses fossettes de nouveau dehors.

La petite fête improvisée débuta dans une joie telle que je crus m'évanouir. J'eus des félicitations de tous les côtés, venant d'eux ça me touchaient encore plus, j'en étais ravie. La nourriture ne tarda pas à apparaître, comme par magie, accompagnée d'alcool, je les connaissais par cœur maintenant. Revoir Kibum et Kyuhyun m'avaient emplit le cœur. Pouvoir parler de tout et de rien avec eux me manquaient affreusement! Sungmin avait prit de la maturité, je remarquai, et je félicitai Shindong pour sa perte de poids. Pour toute réponse, il m'attrapa et m'enlaça en me soulevant, sous les rires des autres. Eunhyuk paraissait plus à l'aise dans les conversation et peut-être moins timide. Ryeowook me scrutait du regard alors que je me servais un verre d'alcool, aucune idée de ce qui c'était. J'étais tellement contente de tous les voir que je ne savais même ce que je me versais dans mon verre. Quant aux autres que je ne pouvais citer tellement ma tête commençait à tourner, ils se sont tous mit devant ma télé pour se moquer de mes chaînes. J'avais encore du mal à écouter du coréen tous les jours, vingt quatre heures sur vingt quatre. Alors, j'avais pas mal de chaînes françaises, dont des chaînes pour enfant que je regardais pour passer le temps, pour avoir des idées à écrire ou tout simplement quand je faisais la cuisine. Les rires s'élevèrent bientôt. Et mon cœur devint presque joyeux. J'en oubliais presque mes rêves atroces, mes cauchemars horribles et je me laissais porter par ce doux son qu'était l'amitié et la fête. L'air était chaud et presque étouffant mais la fête battait son plein. Je commençai à boire, pas très étique de ma part. Lorsque je fus dans la cuisine pour ramener des boissons, je sentis un courant électrique me parvenir et m'envahir. Je me tournai, la bouteille de Soju dans les mains. Donghae me faisait face, avec un sourire en coin. Ses yeux parcouraient mon corps (!!) et mon état de sobriété. Je n'étais pas saoul, pas encore en tout cas. Il croisa les bras sur son torse, un sourire malin à ses lèvres.

-Je ne pensais pas que tu oserais.
-Oser quoi?
-Tu as presque vendu la mèche.
-Pff!
Je souriais à mon tour.
-Crois-tu vraiment que je serais capable de parler de vous et de ma relation avec, du carnet rose et des douze mois passés à vos cotés... j'aurais pu, mais non.
Il rit.
-Je suis heureux de te voir, en tout cas. Tu nous as beaucoup manqué.
-Nous?!
-Oui bon! Tu m'as beaucoup manqué, c'est vrai!
Il s'était rapproché, à petit pas, mais je sentais déjà mon cœur s'emballer. Puis, une image s'imposa à moi, celle de cette fille qui riait sans retenu avec lui. Je serrai un peu les poings.
-Avant que l'émission commence, je vous ai vu!
Il s'arrêta net, à quelques mètres de moi.
-Et... tu riais avec une fille.
Je crus exploser la bouteille sous la pression que je lui donnais. Donghae me fixa avec une tête d'ahuris, comme s'il ne comprenait pas. Au bout d'un moment, il sur place et se mit à rire.
-Ah, oui! Je vois! C'est Wonhee, une amie. Elle était maquilleuse. C'est d'ailleurs elle qui t'a poussé...
-Personne ne m'a poussé!
-Pour ton entrée remarquable sur le plateau.
-Oui, je le reconnais, j'ai failli me casser la gueule! N'empêche...!

Alors que je me tournais vers lui, Donghae s'était approché, son visage à quelques centimètres du mien. Mon cœur s'affolait, mon cerveau devenait complètement dingue, mes sens étaient en alerte. Je me rendis compte que ce garçon me faisait encore plus d'effet qu'avant, du fait que je l'avais vu avec une autre fille et de l'autre parce que j'en étais toujours amoureuse. Il me frôla le bras, mes doigts se refermèrent sur sa main. Il passa son bras autour de ma taille, sa main se baladant sous mon chemisier. Il approcha bientôt ses lèvres, et il me chuchota à mon oreille.
-Ne serais-tu pas jalouse?
Et … je le frappais!
-Aieuh! Mais quoi?
-Un vrai gamin, je te jure!
Il me sourit une nouvelle fois.
-Allez, je suis sûre que tu as ressentit quelque chose de fort...
-Même pas en rêve!

Je continuai de le frapper dans le dos. Mais lui, il continuait de me sourire. Au bout d'un moment, il m'attrapa le bras et posa sa tête contre mon dos. Je pouvais sentir son souffle dans mon cou, une sensation plutôt agréable, que j'avais oublié, qui me lançait des frissons intenses. Comme je l'aimais, encore et toujours. Un vent du sud qu'on ne peut pas oublier, jamais.

-Tu sais, commença-t-il. Tu m'a énormément manqué.
-Donghae...
Je soufflais, la bouteille de soju toujours dans ma main.
-Je ne sais toujours pas ce que tu ressens vraiment!
-La dernière fois …
-Tu te souviens?
-Pas totalement, mais... j'en avais assez de fuir... je ne voulais plus me cacher et... toi, tu m'as...
Ma voix se brisa presque. En réalité, je le savais, je n'avais pas tout retrouvé. Il me manquait encore des passerelles de ma mémoire. Je cherchais encore, sans vraiment quoi chercher. La seule chose dont j'étais certaine, c'était l'amour que je leur portais, à tous. Mais pourquoi, je ne savais pas. Ils m'étaient presque étranger.
-On va dire que j'ai eu ma réponse!

Un frisson me parcourra. Il venait d'embrasser mon cou. Il me lâcha et sortit. La bouteille ne glissa même pas, j'avais un sourire bête sur les lèvres. Ainsi donc, c'était ce que j'avais ressentit la dernière fois, quand je m'étais écroulée dans ses bras. Retrouver cette sensation perdue m'emplit d'une joie et d'une énergie qui m'étaient presque inconnue ou alors que je les avais perdu à jamais. Je revins dans le salon presque en même temps que Donghae. Il me jeta un regard au moment où je le regardais. Nous nous sourîmes. La fête continua. Je pouvais rire de nouveau avec In Soon et Usagi. C'était tellement bon de les retrouver. Elles n'étaient pas fâchées contre moi. Au contraire! Apparemment, Yun et Hideo avaient bien rit et cela ne les dérangea pas pour ce petit secret. Tant que l'autre, le plus important, était bien gardé, tout irait bien.
La nuit nous surprirent tous et le matin aussi. Tous avaient dormis chez moi, entassés quelque fois les uns sur les autres. Moi j'étais dans ma chambre, seule pour le moment.

Elle était là, encore une fois, encore cette nuit. Cette fois, je pouvais voir clairement son visage. Ce n'était qu'une enfant. Elle pouvait avoir mon âge, la vingtaine, mais ce n'était qu'une enfant. Son ventre était pourtant déjà rond, ses traits étaient déjà durs, ceux d'une femme mûre dont le regard pouvait vous transpercer. J'en frissonnai déjà. Elle ne bougeait pas,moi non plus. Nous attendions, dans la pénombre. Puis, je sentis sous mes pieds quelque chose de froid. Une petite lumière apparut, un rond de lumière; elle s'agrandit et je reconnus le fer des rails de train. Petit à petit, je découvrais un chemin de fer. Un premier bout allait s'engouffrer dans une forêt plus noir que la nuit dans laquelle j'avais été plongé. Et l'autre bout donnait sur une grande plaine où l'on pouvait apercevoir au loin une ville. Je me rendis compte que j'étais habillée d'une chemise de nuit, elle était tâchée de tâche rouge. Et je tenais dans mes bras un ours en peluche. J'étais pieds nus, mes cheveux me tiraient: ils étaient en arrière, en une drôle de couette. Mes mains étaient presque noires, mais je gardais mon visage et mon corps, et j'étais bien là. La jeune fille m'adressa un sourire anxieux, j'en perdis toute notion des sens. Puis, elle pointa du doigt derrière moi, la plaine. Un cri strident résonna alors. Je me tournai. Un train était lancé à vive allure, noir, et crachait de la fumée ocre dont l'odeur me parvenait. Je descendis des rails et le train fila devant moi. Le courant d'air chaud me laissa perplexe. Je me tournai vers la jeune fille. Elle baissa alors le main et une explosion résonna... elle hurla.

Je me redressai, sur le lit, en sueur. J'avais tellement chaud que je ne savais pas tout où j'étais. À côté de moi, dans mon lit, le bras encore autour de ma taille, il y avait In Soon. Je n'avais même pas du la réveiller. Elle ronflait presque. À ma droite, Kyoko était sur le ventre et mordillait un bout du drap. J'entendis des bruits venant du salon. Je me levai et sortis de la chambre. Il ne restait que Donghae qui se redressa entièrement, avec un demi sourire.

-Désolée, pour hier soir, fis-je sur un ton assez nerveux.
-Pourquoi tu t'excuses? C'est sûrement à nous de le faire, et à Heechul qui a essayé de séduire le concierge!
-J'AI TOUT ENTENDU! Fit le concerné.
Il sortit de l'appartement ensuite. Nous nous regardâmes avant d'exploser de rire. Les filles ne se réveillèrent même pas. Il s'approcha de moi, me frôla le bras.
-Toi, tu vas bien?
-Pourquoi ça n'irait pas?
-Est-ce que tu t'es vu dans un miroir ce matin?
Je sursautai.
-J'ai une tête si affreuse que ça?
-Tu dors mal, je présume.
-J'ai... des difficultés, oui. C'est un peu dur pour moi, être loin de ma famille, dans un pays étranger. J'aimerai avoir quelqu'un sur qui m'appuyer. Mais tu vois mon éditrice: une vraie harpie.
-Je vois, oui.

Encore un peu vers moi. Il posa son sac et me prit dans ses bras. J'enfouis mon visage dans son cou. Ça m'avait tellement manqué. Être dans ses bras. Ils me manquaient tellement. J'entourai alors sa taille. Poser ses mains sur lui réveilla en moi ce que j'avais oublié. Un frisson de plaisir me parcourra. Il me serra encore plus fort.
-Je vais bien, ne t'inquiète pas. Tu devrais filer, ils vont se demander où tu es!
Il desserra son étreinte et déposa un baiser sur mon front. J'en rougis.
-Bien, on se revoit bientôt.
Il prit son sac et sortit. J'avais appliquer mes mains sur mes joues pour faire descendre la température corporelle de mon corps. Les filles étaient bien debout, derrière moi, en nuisette et me regardaient avec de grand sourire.
-Et ben, t'en loupes pas une! Fit Kyoko.
-Une fois vu, déjà dans le lit, moi je dis! Renchérit In Soon.
-Pff! N'importe quoi!
-C'est toujours le grand amour, à ce qu'on voit? Fit In Soon.
-C'est bon arrêtez!

La journée se passa rapidement, sans que je ne m'en aperçoive. Apparemment, j'avais un emplois du temps assez large, mais je devais absolument finir mon manuscrit. Celui sur lequel j'étais en train de travaillé était presque finit. Mais je traînais, comme d'habitude. En fait, j'avais commencé discrètement un autre manuscrit. Et celui-là me donnait du fil à retordre car j'avais l'impression que l'histoire avait déjà prit pieds dans la réalité. Basé une bonne partie sur mes rêves, j'avais inventé un personnage nommé Sol, une jeune fille d'une quinzaine d'année qui devait se marier dans la tradition de son pays. Mes doigts glissaient à chaque fois sur le clavier et je restais des heures dessus à taper des choses que j'effaçais tout de suite après parce que j'avais la certitude que ce n'était pas ça. Et un soir, je suis tombée dessus.
Alors que je rentrais en bus chez moi, l'arrête étant un peu éloigné de mon immeuble, je me préparai à y aller à pieds, avec mes écouteurs dans les oreilles, quand je surpris une discussion entre deux femmes. C'étaient deux mères, elles devaient se connaître très bien puisqu'elles étaient assises très proches.

-Tu as entendu la nouvelle? Il reparle de cette affaire des années soixante.
-Oh! Oui! Je m'en souviens! Ça avait bouleversé mon père, fit celle de droite, contre la fenêtre. Il disait connaître des personnes qui y étaient.
La femme de gauche hocha la tête. J'appuyai sur le bouton pour ne pas louper mon arrêt, écoutant à moitié ce qu'elles disaient.
-Oh! Et ils parlent aussi de Sung Na, c'était jeune fille de ving ans, qui est morte alors qu'elle était enceinte.
Mon oreille se tendit un peu plus.
-La pauvre enfant, alors qu'on allait donner la vie. On dit que la forêt est maintenant maudite.
-Celle près du village-sans-nom?!
Elle hocha la tête. Je me penchai.
-Excusez-moi, par hasard, parlez-vous de cet accident de train qui a coûté la vie à tous les voyageurs, une centaine de personne?
C'était un vieil homme. Il avait été plus rapide que moi.
-Oui monsieur. Ça passe en ce moment aux informations.

Le bus s'arrêta et je descendis, jetant un coup d'œil aux deux pipelettes. Elles m'avaient malheureusement remarqué. Leurs yeux étaient agrandis sur moi. J'agitai la main, elles me rendirent le signe. Le bus démarra. Elles allaient au moins avoir quelque chose à dire ce soir. Je redescendis rapidement la rue, du classique dans les oreilles. Je ne remarquai pas tout de suite que j'étais suivit. Je pressai un peu le pas, j'avais légèrement froid et la journée passée avec mon éditrice m'avait un peu énervée. Quand elle s'y met celle-là... je stoppai mes pas. Derrière moi, les claquement de talons cessèrent également. Et au moment où je reprenais ma marche, faisant mine de chercher mes clefs, les talons reprirent net.
-Oh c'est pas vrai! Pourquoi moi? Chuchotai-je.

Je tournai à droite et entrai enfin dans ma rue. Je parus plus soulagée et j'accélérai mes pas. Les talons toujours dans mon dos. Je frissonnai. Est-ce qu'il fallait que j'appelle quelqu'un à l'aide? Ou bien les filles? Mon imbécile d'éditrice? Purée, faut que j'arrête. Je divague et je m'éloigne du sujet. Ô joie! Mon immeuble. Je m'engouffrai de soulagement à l'intérieur. Au moment où j'entrai dans le hall, une main m'agrippa violemment. Je fus jetée contre le mur, une main sur ma bouche pour m'empêcher de hurler. Je me débattis. Voyant le visage de mon agresseur, j'hésitai à le mordre et quand je sentis la lame de son couteau sous ma gorge, je me calmai immédiatement. Il approcha son visage du mien. Il puait l'alcool et bien plus encore. Mon dieu! Je voyais déjà les gros titres dans la presse. Je veux pas mourir maintenant! Je suis toujours vierge! Maman!
-Miss Dragon, comme on se retrouve!
J'avalai ma salive à m'en étrangler.
-Mmh? Pardon?
-Je sais qui vous êtes, je vous connais par cœur, j'ai lu tout vos livres et vous continuez de m'ignorer comme si de rien n'était.
-Mmmh! Mais je vous connais pas moi!
-C'est bien vrai ce qu'on dit! Vous êtes plus belle en vrai... je suis un de vos plus grandfan!
Oh mon dieu! Un pervers! J'attire vraiment n'importe quoi! Dans quelle galère je me suis encore fourrée?
Au même moment, mon portable vibra. La musique de Sorry Sorry résonna un temps. Mon agresseur redressa la tête, posa un regard amusé sur moi.
-Vous êtes une fan?!

Au même moment, quelque chose de lourd s'écrasa contre l'homme alcoolique. Je m'étais retenue tout ce temps. Lorsque sa main poisseuse libéra ma bouche, mon cri de femme en danger s'échappa. L'homme tomba en arrière, frappé à l'arrière du crâne. Moi, je tombai à genoux, les mains sur mes joues, la bouche close et incapable de faire quoi que se soit. L'alcoolique à terre, je croisai le regard de mon sauveur. Je ne l'avais jamais vu. En même temps, qui connait ses voisins en un mois?!
-Vous allez bien Mademoiselle?
-Je...
-Ne vous inquiétez pas, j'ai déjà appelé la police, ils ne vont pas tarder! Dîtes, vous êtes sûre que vous allez bien?

Je ne répondis pas tout de suite, complètement sonnée et un peu perdue. Le jeune homme qui était devant moi était plutôt grand, et malgré sa taille fine, il était plutôt fort, vu qu'il avait assommé mon agresseur en un temps record. Je ne sais pas combien de temps s'était écoulé entre mon agression et mon sauvetage. Quoi qu'il en soit, la police était arrivée très vite, un record ça aussi. Mon sauveur s'appelait Kim Soo Jin et était mon voisin du dessus. Je ne l'entendais presque jamais, tellement les murs étaient épais. Il resta à mes côtés le temps que je me calme. Je m'étais mise à pleurer lorsqu'il me demanda si j'allais bien. Ne sachant pas quoi faire, il s'était assis à côté de moi, avait mis sa veste autour de mes épaules. À l'arrivée des policiers, j'avais enfouie mon visage dans mes mains. Je n'avais qu'une seule envie, c'était de rentrer et de dormir.
Mais les policiers ne l'entendirent pas de cette oreille et me posèrent diverses questions. Je ne connaissais pas cette homme et comme c'était la première fois que je me faisais agresser et de sur croix hors de mon pays, je devais faire plusieurs démarches d'après leurs dires. Deux heures plus tard, alors qu'ils emmenèrent l'homme, un des inspecteurs s'approcha de moi.

-Passez à ce poste, demain matin, pour mettre au propre votre déposition.
-Je présume que c'est parce que je suis étrangère, fis-je avec un demi sourire.
-Nous sommes vraiment désolés.
Je leur fis signe de la tête. Soo Jin me ramena chez moi.
-Si vous avez besoin de quoi que se soit, n'hésitez pas.
Je lui souris et entrai dans mon appartement en fermant à double tour ma porte. La peur était toujours présente. Je m'affalais sur mon canapé, mis la chaîne locale. Comme l'avaient dit les deux pipelettes, on ne parlaient que de ça. Un train avait déraillé non loin d'un village, là où il y une quarantaine d'année, un train avait également déraillé en tuant tous les voyageurs. On passait en accéléré les visages des quarante blessées. On signalait une disparue, une jeune fille de vingt ans, enceinte de sept mois. Lorsque le visage de la fille apparut l'écran, j'avais retrouvé toute mon énergie.
C'était elle, la femme de mes rêves.

Pendant une semaine, je fus in-joignable, je restais enfermée dans ma chambre, la porte d'entrée étant fermée à double tour. Je ne savais pas quel jour on était et il faut dire que je m'en fichais pas mal. Je n'avais plus aucune notion de temps, je ne faisais que dormir ou alors, je restais devant mon PC, à taper des pages et des pages de manuscrit. Incapable de me nourrir convenablement, je ne mangeais presque plus, je me lavais toutes les six heures, regardais de temps à autre les informations. On parlait souvent de mon agression dans les informations du jour. Et aussi de ma dépression. Mais OH! Je ne déprime pas! Vous feriez quoi à ma place, si vous étiez agressé par un de vos fans? Et puis, le visage de cette fille, je ne pouvais pas m'en détacher. Au bout de quatre jours, je passais quelques coups de fils, dont un à un journaliste que je connaissais bien, qui avait écrit un très beau papier humoristique sur ma façon de me comporter pendant les émissions de télé (^^). Il décrocha.

-Allô?
-Bonjour Sun, c'est Perle.
-Et bien! Ça fait plaisir d'entendre ta magnifique voix. Comment vas-tu, depuis, tu-sais-quoi?
-Je reste cloîtrée chez moi, j'ai une peur bleue maintenant... c'est ça que tu veux entendre?
-Ne plaisante pas avec moi!
-Tu es un journaliste Sun, si je te racontais ma vie, tu la publierais à la une du lendemain.
-C'est pas faux. Bien princesse, que puis-je pour toi? Tu ne m'as pas appelé au hasard.
-Tu as l'oeil d'un aigle, Sun. Je t'appelle à propos du déraillement de la semaine dernière. A-t-on retrouvé la jeune fille?
-Non. Apparemment, elle aurait sauté avant que le train ne déraille et tombe sur le côté.
-Il y a … des morts?
-Oui.
-Je vois.
-Pourquoi? Qu'est-ce que tu veux savoir?
-Qui est cette fille? Je veux savoir qui est cette fille?
-Qu'est-ce que j'y gagne moi, dans cette histoire?
-Une interview exclusive de ma personne!
-Il faudrait déjà que tu sortes un livre ou une autobiographie!
-Mmh! Ça ne va pas tarder. Alors?
-Je crois que je n'ai pas le choix. Et puis, ma petite amie t'aime beaucoup. Quand elle sera que je vais interviewer son idole...
-Trouve d'abord ce que je veux, on verra après.
-Pas de problème. Fais avant tout quelque chose pour moi.
Je me redressai sur le canapé.
-Quoi?
-Sors de chez toi. Ça fait une semaine. Et je suis sûre que tu dois avoir des tonnes de message sur ta page personnelle, sur ton portable et sur ton adresse mail.
-Je vais y réfléchir... merci, Sun!
-Sors Perle, c'est tout ce que je te demande!
-Bien, chef. Regarde les informations alors ce soir, au cas où ma mort ne serait pas annoncé.

Je ris au téléphone et raccrochai. Il n'avait pas tord. Il fallait que je sorte de ma torpeur. Je regardai ma montre. Il était un peu plus de neuf heures du soir. Je filai prendre une douche, me changeai. Je mangeai la dernière pêche avant de prendre mes affaires pour sortir. Une fois devant ma porte, la clef dans la serrure, je restai statique, immobile comme une débile. Et si je n'y arrivais pas? Et si je flanchais au dernier moment? Et si...? La question qui me perturbait le plus se portait sur eux: est-ce qu'ils s'inquiétaient vraiment pour moi? Je n'entendais même plus ma sonnette d'entrée, je l'avais débranché pendant une semaine entière, alors je ne savais rien.

Finalement, j'ouvris la porte. Je glissai ma tête hors de l'appartement. Il n'y avait personne dans le couloir. Alors, je sortis entièrement, serrant mon sac contre moi. Je refermai la porte derrière moi.
-Vous sortez enfin?
Je sursautai et me retournai. Soo Jin se trouvait dans les escaliers. Il allait à son étage, le cinquième. Il me regarda avec un grand sourire.
-Les lettres de vos fans vont enfin cesser.
-Mes fans?
Je tournai la tête dans la direction qu'il me proposa. À côté, il y avait une boîte en carton avec mon nom inscrit dessus. Et la boîtes étaient remplis d'enveloppes. Je m'en approchai pendant qu'il parlait.
-Des gens viennent tous les matins depuis une semaine ou pour inscrire quelque chose sur le mur, ou pour déposer une lettre dans cette boîte. Il y a vraiment des gens qui s'inquiètent pour vous, Mademoiselle Perle.
-Je ne … pouvais le savoir.
-Sortez! Cela vous fera le plus grand bien, je vous le recommande vivement.

Il sourit et monta à son étage. J'avais empoigné quelques enveloppes que je mis dans mon sac. Lorsque je descendis, je pris la même précaution qu'il y a quelques minutes. Je sortis d'abord ma tête, regardai à ma droite, puis à ma gauche, et enfin sortis le corps en entier. Le sac serré contre moi, je m'aventurai à pas de loup dans la rue. Le vent était frais et doux et cela faisait des jours que je ne l'avais pas sentit comme ça. Je fermai quelques secondes pour apprécier cette petite caresse et je me mis en route pour aller manger un bout. Je parcourais les rues bombées de monde. Je ne cachais pas mon visage, une européenne ne passe pas inaperçue, ça c'est sur et certain. Je n'avais jamais été comme ça, que je trouvais très vite stupide et un peu tarée. Mais ça faisait tellement du bien de se lâcher. Je prenais le bus, le chauffeur me regarda longuement avant de démarrer. J'allais m'asseoir à l'arrière avec un sourire de débile sur le visage. Les gens qui étaient dans le bus se retournaient, me dévisageaient et parlaient à voix basse. Mais en réalité, je m'en fichais pas mal. Je regardai le paysage de la ville défilée, en chuchotant une chanson des super junior. Pourquoi? Je n'en sais rien. Lorsque le bus s'arrêta au terminus, je descendis, toujours en chantonnant.
Je passai devant un petit restaurant de pâtes. Je m'écartai un peu pour observer l'ambiance. C'était petit mais très conviviale, un bon restaurant. Les rues étaient éclairées, très animées. Les voix s'élevaient, les rires et les musiques. J'avais bien fait de sortir.

Les gens me regardaient étrangement, certes, mais ils me regardaient. C'est assez marrant. J'entrai alors dans le petit restaurant et m'installai seule à une table. Une jeune fille à peine mon âge, vint me voir.
-Voilà le menu, faîtes-moi signe quand vous aurez finit.
-Ce n'est pas la peine. Avez-vous un plat que vous faîtes souvent.
-Euh... oui. Et ce soir, il est à moitié prix. C'est un plat italien.
-Parfait!
-Lasagne alors.
-Oui!

Je lui souris, elle me le rendit bien et s'en alla, plus joyeuse encore. Je sortais alors les lettres et je me mis à les lire. La jeune fille revint m'apporter de l'eau et du pain. Du pain? Elle me jeta un regard curieux. Je savais très qu'elle savait qui j'étais. Je mordis dans le pain et continuai la lecture. Je commençais à en avoir les larmes aux yeux. Puis, la jeune fille revint m'apporter les lasagnes. Alors que je les mangeai lentement, le restaurant se vidait peu à peu. La jeune serveuse ne savait pas comment réagir avec moi. Une fois la salle vide, elle alla voir les cuisiniers pour leur dire que j'étais toujours à table. Je venais de finir mes lasagnes quand ils vinrent me voir. Je venais également de finir les quelques lettres que j'avais prit.
-Mademoiselle, voulez-vous un dessert... quelque chose pour clore votre repas?!
Je relevai la tête.
-C'était délicieux, je prendrais bien un dessert si vous avez.
L'homme qui me faisait face était un beau coréen d'une quarantaine d'année et des yeux étonnants. Je lui souris. Il se mit à rougir. Il s'en alla d'un bond. La serveuse et moi sursautâmes en même temps. Nous regardâmes. Puis, il revint, un livre et un stylo dans les mains. Il me les tendit. Je restai surprise.
-Je suis très fan, mademoiselle Dragon et si vous me signez un autographe je vous offre le dessert.
-Pas les lasagnes?
Il se mordit les lèvres. Je sais qu'il était prêt à accepter.
-Je plaisante, je vous paierais les lasagnes. En dessert, je veux un tiramisu et je veux que vous mangiez tous les deux avec moi.

Il revint quelques minutes plus tard et nous mangeâmes ensemble. Cela faisait longtemps que je n'avais pas rit autant, et eux non plus. J'appris qu'ils étaient père et fille, qu'ils avaient gardé le restaurant de la mère de la fille, car la mère était morte du cancer. Je me mordis les lèvres. Apparemment, la femme lisait beaucoup et avait beaucoup aimé ce que j'avais fait. Je m'en sentis très touché. Je signai alors le bouquin, à la mémoire de la jeune femme. La fille et le père semblaient content.
-Revenez ici autant que vous voulez. Je vous offrirai mes desserts.
-Alors, je ne manquerai pas de devenir, comptez sur moi.
Je me levai.
-Il y a des rumeurs... sur vous, mademoiselle, fit la serveuse.
-Oh?
Je venais de poser le montant des lasagnes sur la table.
-Ne l'embête pas avec ces âneries!
-Attendez! Je voudrais pourtant entendre.
-Et bien... quelques uns disent que vous êtes devenue folle.
-Je ne vois pas pourquoi. Mon papier peint ne m'a pas rendu malade, fis-je avec un demi sourire.
Elle parut satisfaite de ma réponse.
-D'autre pense que cela vous a tellement traumatisé que vous êtes retournée chez vous, en cachette.
-Je ne vois pas comment. Il paraît qu'il y avait des gens qui restaient devant mon immeuble.
Ils sourirent.
-Et d'autres disent que vous êtes en pleine création!
-Ah! Ça! Vous le verrez dans les jours à venir.
Je leur souris et sortis. De nouveau, le vent chaud vint caresser mon visage. Je leur fis un dernier signe de main et m'engouffrai dans les rues. Il était un peu plus de minuit. J'allais m'asseoir à un square, là où des jeunes faisaient du skate et du roller ou alors s'amusaient. Je sortis alors mon portable et l'alluma. Je restai un moment pensive jusqu'à ce que mon téléphone sonne. Je décrochai tout de suite.

-Allô?!
-Où es-tu?
Je sursautai. La voix de Kangin me fit sursauter.
-Oppa?
-Je sais que tu es dehors! Où es-tu?
Il semblait énervé.
-Dans un square mais je ne sais pas où!
-Reste là où tu es!
Je restai muette. Alors qu'il raccrochait, mon portable me glissa des doigts. Quelque chose remonta en moi. Une nausée. Les jeunes me regardèrent un moment. Je baissai la tête, me retournai, et vomis.

Mon dieu! Je sentais le pire arriver!


EDIT: j'ai d'énormes cernes, un gros poids dans le dos ( naaaan! Je viens de me le coincer!!!><) et je me suis dit "tient, et si je mettais la suite?!" Bonne lecture [ LOVE LIKE THIS - SS501]